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Effeuillage
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15 décembre 2009

Aime Moi !

« Bonjour Mademoiselle ! »

En descendant du train pour embrasser Elle, j'avais aperçu du coin de l'œil un type qui nous regardait en souriant. Lorsqu'il m'apostropha, je me souvint soudainement que Volia était lui aussi parisien.

C'est un peu le jeu des rencontres par internet, des longues nuits passées à chatter... Nous connaissons des surnoms, des traits de caractères puis lorsque la personne se matérialise enfin : stupeur !

Elle me présente Sébastien, il m'assure que je peux continuer à le nommer Volia si ça me chante.

Imaginez vous, provinciale, déambuler dans Paris au bras de votre petite amie et d'un super copain que vous attendiez de voir depuis des mois... Alors la ville de Paris en elle-même gâche un peu le romantisme de la chose, mais à trois, rien ne nous bat ! Les voitures peuvent klaxonner, les passants peuvent tracer leur route en vous marchant sur les pieds, les métros peuvent puer, les immeubles peuvent pousser, l'amitié, l'amour et la liberté d'esprit dégagent le chemin devant nous. Les échanges fusent. Des idées, des plaisanteries... et les mots tendres. Elle embrassa Volia sur la bouche, je ne suis pas surprise. Ma main rejoins celle de Volia qui comprend que moi aussi, j'en suis. Il m'embrasse. À l'angle de deux rues bondées, à quelques pas de la gare de Lyon, un trio polyamoureux s'embrasse sous des regards curieux puis effarés.

Entre nos bras entremêlés rien de surnaturel pourtant. Pour nous tout cela est tendresse et immensité. Nous nous sentons bien, forts, sereins : puissants ! Dans mon cou un nez se loge, il emplit ses narines de mon odeur. J'apprécie ce chatouillis en mordillant l'épaule nue d'Elle. Après quelques caresses discrètes, nous nous dirigeons vers la maison car la sève monte : nous avons besoin d'intimité.

Il y a des moments comme celui ci où tout coule de source. Aucun geste pour déshabiller qui que ce soit. Nous passons des heures ensembles, des baisers et des caresses nous suffisant. La paix est en moi, je ne peux que me laisser bercer par cet océan. Des vagues de tendresse me soulève quand soudain je me dresse pour démarrer la tempête. Impétueuse, je fais tomber mon jean d'un coup sec et soulèves les pans de mon T-shirt. J'ai senti que c'était le bon moment. Mes compagnons n'ont pas l'air surpris. Ils l'ont senti venir eux aussi. De plus en nue, de plus en plus heureuse. Ils me voient, me découvrent, m'observent en souriant. Ils me désirent à présent. Allongée sur le lit dans mon plus simple appareil, je les regarde et les appelle. Elle a un sourire en coin en voyant la réaction de Volia. Il découvre mon corps pour la première fois et s'apprête à me montrer le sien. Elle se déshabille discrètement et observe le manège du petit nouveau.

Ce à quoi je ne m'attendais pas arriva à cet instant là, le climat changea. Ils commençait à devenir trop prévisible non ?

Lentement, Volia poussa un de ses testicules vers le haut, en arrière, puis l'autre. Les glandes disparurent. Le pénis inerte semblait vouloir les rejoindre. Volia se lova contre mon ventre en m'enveloppant de ses bras. Je commençai tout juste à comprendre.

Nous ne fîmes pas l'amour ce jour là, ni même le lendemain. Un homme qui ne voulait pas en être un et deux femmes bien dans leur peau ont pris contact les uns avec les autres. Les corps se sont frottés, les mœurs adoucis. Nous nous connaissons à présent.

Alors que je lui parle, Volia fait passer d'un geste délicat une mèche de ses cheveux derrière son oreille droite. Elle me sourit et ne tardera pas à me demander de la nommer Sophie.

C'est ainsi que Sébastien effectua sa première transition. A moi qui l'aimait, il devint ma petite amie. Sophie ne veut pas que je vois un homme en elle, et fera tout pour que je la vois telle qu'elle sais qu'elle est. Que d'usages du verbes « être » ! Parce qu'on ne possède pas un genre, on l'est. Un ressenti un jour vous fait savoir que vous êtes homme ou femme et si votre corps correspond, vous avez de la chance. Pour Volia le chemin vers son identité sera plus long et périlleux. À ses côtés, toujours en compagnie de mes multiples amoureux, Volia garde sa place : celle de petite amie timide au bras pourtant  aussi larges que le sourire !

(c) copyright Gwendoline Desliens Tous droits réservés

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